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Palais ducal de Nancy
4 août 2019

II- Description

Mise à jour (07/09/2019)

 

La façade occidentale sur la Grande-Rue

 

La Porterie d'Antoine sur la Grande-Rue (cliché personnel 2016)

La façade ouest de l'aile Antoine le Bon longe la Grande-Rue, axe principal de la Ville-Vieille allant de la porte de la Craffe à la porte Saint-Nicolas (aujourd'hui Place Vaudémont). L'élément le plus marquant de cette façade, globalement assez austère, est la porterie abritant la statue équestre du duc Antoine et ses armoiries. Vous en trouverez une description ICI. Outre cette entrée monumentale, destinée aux carrosses, et la porte Masco, pour les piétons, qui lui est accolée, le rez-de-chaussée était presque aveugle à l'époque ducale en raison des boutiques construites contre le mur du palais. Seules deux fenêtres permettaient d'éclairer les pièces qui ne pouvaient avoir d’ouverture côté cour en raison de la présence de la tour de l'horloge. En revanche, le 1er étage est percé de six fenêtres dont trois comportant des balcons à encorbellement.

 

Cette façade sur la Grande-Rue est visible sur la gravure de Claude Deruet montrant l'ensemble du palais ducal. Cependant, cette représentation est sur bien des points erronée. Tout d'abord, la tour de l'horloge est représentée trop au nord alors qu'elle devrait se trouver à la hauteur du balcon situé à l'extrémité de la galerie des cerfs. De plus, les proportions de la toiture sont minimisées tandis que celles de la porterie apparaissent excessives. Enfin, la comparaison avec la gravure de Friedrich Brentel pour la Pompe funèbre de Charles III montre que Claude Deruet à ajouté à tort des festons au-dessus des fenêtres, sans doute dans un but de continuité avec l'aile Charles III, plus au nord, qui en possède.

 

L'aile Antoine le Bon vue par Claude Deruet, 1664 (cliché AM Nancy, détail)

 

Les balcons

Outre la porterie, le principal élément décoratif de cette aile sont les fenêtres à meneau. Leurs appuis sont torsadés tout comme la corniche courant tout le long du bâtiment et de laquelle s’élancent les gargouilles. Pour revenir aux fenêtres, notons que trois d'entre elles possèdent un balcon à encorbellement. Il s'agit des deux situées de part et d'autre de la porterie ainsi que celle de l'extrémité nord de l'aile. Les jours de liesse, on jetait depuis ces balcons de l'argent à la population nancéienne (Jean-François Nicolas, 1900, p. 26). Ce fut le cas, par exemple, le 30 août 1699 pour fêter la naissance de Léopold; le fils aîné du duc et d'Elisabeth-Charlotte. Tous ces balcons sont uniques. Non seulement les culs-de-lampe présentent des figures variées mais on peut également observer sur les balcons encadrant les Porterie des motifs végétaux et des motifs de balustrade différents.

 

- Le balcon des putti

Le premier balcon dont nous allons parler est celui situé le plus au nord. Si son encorbellement est sobre et n’appelle pas de commentaire particulier, son cul-de-lampe est plus énigmatique. Il est orné de deux putti joufflus tenant l'un un flambeau retourné et une guirlande de fleurs et l'autre un listel portant une inscription. Cette inscription semble être "Amour mourt pas[s]e" soit "L'amour meurt et passe" (Christian Pfister, 1909, p. 22). Il est cependant possible que cette lecture soit fausse. Rappelons que les sculptures de la façade ont été restaurées au XIXe siècle.

 

Le balcon des putti, vue d'ensemble (cliché personnel 2018)  Le balcon des putti, encorbellement(cliché personnel 2018)

Le balcon des putti, cul-de-lampe (cliché personnel 2018)

 

 

- Le balcon du centaure et du triton

Le deuxième balcon, en venant du nord, est celui placé à gauche de la porterie. L'encorbellement est décoré d'élégants motifs végétaux. Le cul-de-lampe, quant à lui, figure deux créatures mythologiques affrontées : à gauche, un hippocentaure et, à droite, un triton barbu. Ils semblent supporter le poids de l'encorbellement.

 

Le balcon du centaure et du triton, vue d'ensemble (cliché personnel 2017-2018)  Le balcon du centaure et du triton, encorbellement(cliché personnel 2017-2018)

Le balcon du centaure et du triton, cul-de-lampe (cliché personnel 2017-2018)



- Le balcon des sauvages

Ce troisième et dernier balcon, situé à droite de la porterie, est sans doute le plus intéressant. Ceci n'est pas dû aux motifs végétaux, bien qu'ils diffèrent du balcon précédents, mais aux personnages représentés sur le cul-de-lampe. Il s'agit de deux "sauvages" grimaçants en raison de la lourde charge qu'ils portent. Leurs coiffures et leurs vêtements apportent une note d'exotisme qui fait écho au contexte de leur création. Rappelons que les Grandes Découvertes ont eu un écho particulier en Lorraine notamment sous le règne de René II. Ami d'Amerigo Vespucci, avec lequel il s'était lié dans sa jeunesse en Italie, le père d'Antoine avait soutenu les travaux de cartographies du "Gymnase vosgien" en leur confiant les carnets du navigateur. C'est la raison pour laquelle le planisphère de Waldseemüller donna au continent découvert à l'ouest le nom d'Amérique qui lui est resté. À son niveau, ce balcon témoigne de la fascination que ces découvertes exercèrent sur la cour ducale.

 

Le balcon des sauvages, vue d'ensemble (cliché personnel 2017-2018)   Le balcon des sauvages, encorbellement (cliché personnel 2017-2018)

Le balcon des sauvages, cul-de-lampe (cliché personnel 2017-2018)



Les gargouilles

La base de la toiture du bâtiment est marquée par une élégante corniche torse. Plusieurs gargouilles s'en élancent pour déverser l'eau de pluie loin des murs. Sculptées au moment de la construction de l'aile, elles furent détruites à une date indéterminée au point qu'il n'en restait plus sur la Grande-Rue au milieu du XIXe siècle. Elles ne furent reconstituées par Émile Boeswillwald que durant la restauration des années 1870.

 

- Les gargouilles du XVIe siècle

Gargouilles originelle par Friedrich Brentel 1611 (cliché BINHA, détails)

Le nombre exact de gargouilles originelles n'est pas connu avec certitude. Friedrich Brentel en montre huit mais, la partie sud de l'aile étant hors-champ, on peut supposer l'existence de deux gargouilles supplémentaires. La vue de Claude Deruet, quant à elle, n'en montre que six. Il peut s'agir d'une nouvelle erreur de l'artiste mais il n'est pas exclu non plus que certaines gargouilles aient manqué en 1641. Admettons qu'une dizaine ornaient la corniche. Quatre d'entre elles étaient l'oeuvre de Mansuy Gauvain, qui a également sculpté la statue équestre de la porterie (Henri Lepage, 1852, p. 32). Le bestiaire représenté compte des canidés, des chimères (alliant un protomé de vautour à des pattes postérieures de mammifère) et un homme nu. Initialement, les gargouilles étaient prolongées par un tube permettant de déverser l'eau plus loin.

 

 


- Les gargouilles de Émile Boeswillwald

Gargouilles actuelles réalisées au XIXe siècle (clichés personnels 2017)Détruites à une date inconnue, les gargouilles de la façade occidentale de l'aile Antoine le Bon furent reconstituées par Émile Boeswillwald après l'incendie de 1871. Il semble s'être assez peu inspiré de la gravure de Friedrich Brentel. Ainsi, on ne retrouve, parmi ses neuf gargouilles, ni les canidés, ni les chimères ailées. Seule la figure humaine fut reprise mais avec trois différences. Tout d'abord, elle fut placée à droite et non à gauche de la porterie. De plus, le bras droit de l'homme ne se trouve plus le long de son corps mais de manière à ce qu'il tienne son front. Enfin, détail amusant, on l'habilla d'un caleçon pour éviter une nudité choquante. Cette sculpture a donné lieu à une légende locale. Selon celle-ci, la sculpture représenterait un des ouvriers qui souffrait de vertige. Outre la gargouille humaine, les autres figurent des monstres variés. certaines de ces chimères ont bien des ailes mais elles n'ont pas été représentées déployées. On peut également observer un curieux cochon dont les pattes avants sont celles d'un chien. On notera également, à la limite nord de l'aile, la présence surprenante de deux gargouilles côte à côte. Celle de gauche appartenant au pavillon Morey et celle de droite à la restauration d'Émile Boeswillwald. Une anecdote veut que l'architecte, qui avait commencé sa carrière comme sculpteur, ait lui même montré, le burin à la main, quelle finesse de modelé il attendait pour la taille des gargouilles (Bulletin des sociétés artistiques de l'Est, 1896, p. 48)

Comme les photographies le montrent, les gargouilles modernes n'ont plus leur utilité d'antan et sont pour cette raison dépourvues du tube dont nous avons constaté la présence sur celles du XVIe siècle. Des gouttières, peintes de la même teinte que la pierre, pourvoient à l'évacuation des eaux de pluie. Précisons que lors de la restauration de 2005-2012, une protection en plomb fut installée pour limiter l'érosion des gargouilles


La façade orientale sur la Cour d'honneur


Si la façade occidentale de l'aile est relativement sobre, celle côté cour est plus ornée. Elle se caractérise par la présence de la tour de l'horloge et par la distinction entre le rez-de-chaussée, ouvert sur le vestibule et le portique, et le premier étage, correspondant à la galerie des cerfs, qui est percé de neuf fenêtres à meneaux. De plus, elle est rythmée par des contreforts correspondant à chaque pilier du rez-de-chaussée.

Précisons que l'apparence de cette façade n'est documentée par aucune représentation antérieure au XIXe siècle. Ceci compliqua grandement la tâche d'Émile Boeswillwald lorsqu'il fut chargé de restaurer le monument en le débarrassant des ajouts postérieurs qui l'encombraient.

 

 

La façade orientale de l'aile (cliché personnel 2017)


Concernant l'ornementation de cette façade, il faut non seulement s’intéresser aux contreforts, richement décorés, mais aussi à une série de dix-huit médaillons placés de part et d'autre de chaque arcade.

 

Les contreforts

Les piliers du portique et du vestibule donnent naissance à de gracieux contreforts montant jusqu'à la corniche droite (et non torse comme sur l'autre façade). Au milieu du XIXe siècle, l'apparence des contreforts était inconnue (Thierry Dechezleprêtre & Marie Gloc, 1998, p. 35-36). Ils étaient en effet enveloppés dans une grossière maçonnerie destinée à renforcer un édifice qu'on répugnait alors à restaurer. Pour retrouver leur dessin originel, Émile Boeswillwald fit démonter la maçonnerie d'un des contreforts. Cette démarche archéologique lui permit de retrouver les anciennes sculptures et de les rétablir pour chaque élément de la façade.

Les contreforts de l'aile Antoine le Bon sont construits sur le modèle suivant :

  • La partie inférieure, correspondant aux piliers, s’appuie sur une base et s'achève par un petit gâble décoré de feuillage et contenant en son sein une coquille renaissance. Notons que celui du contrefort touchant à la tour de l'horloge est beaucoup plus simple.

 

Gâble inférieur d'un contrefort (cliché personnel 2017)   Gâble inférieur du contrefort jouxtant la tour (cliché personnel 2017)



  • La partie supérieur, très élancée, s'achève par un pinacle. Des poissons accolés et têtes en bas, en forment le commencement. Ils sont généralement regardés comme des dauphins (Sylvain Bertoldi, 1990, p. 278). Cependant, ne faudrait-il pas, dans le palais des ducs de Lorraine, les interpréter comme des bars ? On notera que chaque paire de dauphins (ou de bars) est différente. Quoi qu'il en soit, ces poissons (le terme n'est pas impropre car en héraldique, les mammifères marins sont comptés parmi les poissons) sont surmontés par le pinacle proprement dit décoré de motifs végétaux.

 

Pinacles des contreforts (cliché personnel 2017)

 

  • Pour finir, il faut évoquer les gargouilles qui sont placées au-dessus de chaque contrefort. Contrairement à leurs sœurs surplombant la Grande-Rue, elles furent rétablies par Émile Boeswillwald dès sa première restauration avant l'incendie. C'est la raison pour laquelle Adolphe Maugendre les a représenté sur sa gravure de 1859. Naturellement, elles furent détruites pendant l'incendie de 1871 et il fut nécessaire de les refaire.

 

Gargouilles détruites après l'incendie de 1871 (cliché Musée lorrain)


Les gargouilles orientales sculptées au XIXe siècle reprennent les mêmes éléments que celles de la façade occidentale. Nous retrouvons en effet des chimères comparables. On trouve également un homme qui fait écho à celui de l'autre côté. Cette fois privé de son caleçon, il se tient la mâchoire de la main gauche. Précisons qu'Émile Boeswillwald dut ajouter une gargouille, la dixième, à droite de la tour de l'horloge.

 

Gargouilles (cliché personnel 2017)

 

Les médaillons

En dessous de chaque fenêtre de la galerie des cerfs se trouvent disposés deux médaillons de pierre placés de part et d'autre de l'axe créé par l'arcade. Ces médaillons furent sans doute martelés à la Révolution et, de toute façon, partiellement masqués lors de la construction des gros contreforts. Aussi, il n'en restait plus que la trace lorsqu'Émile Boeswillwald entama la restauration de la façade. Heureusement, un texte de Dom Calmet apportait quelques précisions fort utiles qui montraient le lien existant entre ces médaillons et ceux existant sur les voûtes du rez-de-chaussée (Dom Calmet, 1736, p. 11). Fort de cette documentation, le sculpteur Giorné Viard reconstitua les médaillons disparus (Christian Pfister, 1909, p. 24). Il s'agit de figures humaines regardant pour la plupart vers la gauche. Elles sont parfois grotesques, parfois réalistes. Dom Calmet croyait y voir les portraits des ducs ayant précédé Antoine mais cela n'est, pour autant que l'on sache, que partiellement vrai. Certains médaillons portent une inscription et d'autres non. Nous les évoquerons en allant du médaillon le plus à gauche à celui placé à côté de la tour de l'horloge.

  • Le premier porte une figure barbue et casquée. Le médaillon, anépigraphe, est délimité par ce qui semble être une cordelette portant des nœuds (?).

 

Premier médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le deuxième porte une figure barbue dont le casque rappelle un animal aquatique couvert d'écailles. La devise d'Antoine "J'espère avoir" court derrière le personnage.

 

Deuxième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le troisième porte une figure imberbe représentée presque de face. Il n'est pas aisé de dire si le couvre-chef est un casque ou une coiffure féminine. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure ornée d'une spirale perlée.

 

Troisième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le quatrième porte une figure imberbe coiffée d'un casque muni de cornes de béliers. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure richement ornée de pierreries et d'arabesques.

 

Quatrième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le cinquième porte une figure barbue et chevelue coiffée d'un couvre-chef complexe muni d'étoffes flottantes. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure sculptée à la semblance d'une corde.

 

Cinquième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le sixième porte une figure imberbe grimaçante qui n'est pas sans rappeler les sauvages du balcon à droite de la porterie. L'homme, portant une boucle d'oreille, est coiffé de ce qui semble être une couronne barbare. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure décorée de petits motifs .

 

Sixième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le septième porte une figure imberbe coiffée d'un casque ornementé. Le personnage, au nez busqué, semble empreint de fierté. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure décorée fleurs. Le personnage a été utilisé en 1861 pour représenter Charles II sur la porte de la Craffe. Si les traits ont été affinés tandis que le casque recevait une ornementation plus poussée.

 

Septième médaillon (cliché personnel 2017)   Le duc Charles II sur la Porte de la Craffe (cliché personnel 2016)

 

  • Le huitième porte une figure barbue coiffée d'un chapeau. La bordure du médaillon contient la devise du duc "J'espère avoir".

 

Huitième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le neuvième porte une figure imberbe dont le casque représente une tête de bélier. Le médaillon, anépigraphe, est bordé d'une rangée de fleurs. Cette figure a été utilisée pour représenter Jean Ier, fondateur de la porte de la Craffe, lorsqu'en 1861, le commandant Trancart restaura ce monument. Si les traits furent adoucis, le casque fut globalement reprit tel quel. Remarquons que sur le buste désormais visible, le sculpteur a représenté un alérion.

 

Neuvième médaillon (cliché personnel 2017)   Le duc Jean Ier sur la Porte de la Craffe (cliché personnel 2016)

 

  • Le dixième porte une figure imberbe, empreint de majesté, qui est coiffée d'une couronne. Celle-ci se compose de cinq pics surmontés de perles. S'agit-il pour autant d'une couronne comtale ? Le médaillon, anépigraphe, est bordé de motifs décoratifs.

 

Dixième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le onzième porte une figure barbue coiffée d'une barrette. Ce couve-chef est surtout connu comme coiffe ecclésiastique. Si on veut y voir un membre de la Maison de Lorraine, plusieurs noms peuvent être évoqués. Jean et Louis, les frères d'Antoine destinés à la carrière ecclésiastique, étant trop jeunes (ils sont nés en 1498 et 1500), on peut penser à l'évêque de Metz Henri de Lorraine-Vaudémont (mort en 1505) ou au cardinal Louis de Bar (mort en 1430) qui est à l'origine de l'union des duchés de Lorraine et de Bar. Le médaillon, anépigraphe, est bordé de pierreries et d'arabesques.

 

Onzième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le douzième porte une figure imberbe représentée de face. Le personnage, arborant un large sourire, est coiffé d'un couvre-chef fantaisiste. Le médaillon, anépigraphe, est décoré de fleurs.

 

Douzième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le treizième porte une figure imberbe coiffée d'un casque orné de feuilles de chêne. Le buste cuirassé renforce l'allure martiale du personnage. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure ornée d'une spirale perlée. Le personnage a été utilisé en 1861 pour représenter le duc Raoul sur la porte de la Craffe. La parenté entre les deux reliefs se perçoit essentiellement dans les motifs ornant le casque. Le sculpteur du XIXe siècle a apporté plusieurs modifications au niveau de l'armure mais l'élément ajouté le plus caractéristique reste le cimier en forme d'aigle. Il s'est sans doute inspiré des sceaux de Raoul.

 

Treizième médaillon (cliché personnel 2017)   Le duc Raoul sur la Porte de la Craffe (cliché personnel 2016)

 

  • Le quatorzième porte une figure barbue et tête nue. Le personnage, qui semble vêtu d'une chlamyde, arbore un rictus. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure sculptée à la semblance d'une corde.

 

Quatorzième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le quinzième est l'un des plus intéressant car il s'agit d'un portrait d'Antoine, en armure et coiffé de la couronne ducale. L'identification est autorisée par la proximité entre ce relief et les effigies monétaires. Le médaillon, qui porte la devise "J'espère avoir", est délimité par ce qui semble être une cordelette portant des nœuds (?).

 

Quinzième médaillon (cliché personnel 2017)   Teston du duc Antoine (cliché saivenumismatique.fr)

 

  • Le seizième porte une figure moustachue coiffée d'un large chapeau. Le médaillon, anépigraphe, a une bordure ornée d'une spirale perlée.

 

Seizième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le dix-septième est le plus connu des médaillons ornant la façade. Il représente René Ier, presque de face. Coiffé d'un chapeau, celui par qui sont venues les prétentions royales des ducs de Lorraine porte le collier de l'ordre de Saint-Michel. Très beau, ce relief s'éloigne cependant du témoignage de Dom Calmet qui mentionne un chapelet dans les mains du souverain. En revanche, l'inscription Rex Renatus et bien présente.

 

Dix-septième médaillon (cliché personnel 2017)

 

  • Le dix-huitième et dernier porte une figure imberbe coiffée d'un chapeau. Le médaillon, anépigraphe, est décoré de fleurs.

 

Dix-huitième médaillon (cliché personnel 2017)


La toiture de l'aile


Pour conclure cette description des extérieurs de l'aile Antoine le Bon, il faut s'arrêter sur la toiture qui tient son intérêt se son élévation ainsi que de son ornementation. Elle était originellement faite d'une charpente en chêne supportant une couverture en ardoise posées en écaille. C'est ce que montrent les gravures de Friedrich Brentel et de Claude Deruet. Cette toiture brûla en 1871. Une toiture éphémère fut installée en attendant la confection d'un nouvelle définitive. Cette dernière, réalisée par Émile Boeswillwald, est quelque peu différente de celle d'origine (www.agencecaillault.com/palais-ducal-nancy). Outre que la charpente est métallique pour prévenir les incendies, les ardoises, Fumay de couleur violines, sont rectangulaires et posées au crochet. Il s'agit là d'une invention du XIXe siècle évitant d'avoir à clouer les ardoises.

 

Coupe de la toiture temporaire après l'incendie de 1871 (cliché AM Nancy)

 

Lucarne sur la Grande-Rue (cliché personnel 2017)

La toiture de l'aile est percée de quatorze lucarnes ornées d'épis dorés. Il s'agit encore une fois d'une reconstitution d'Émile Boeswillwald réalisée à partir de la documentation ancienne. Précisons que le but de ces lucarnes était de donner de la lumière à un galetas situé au-dessus de la galerie des cerfs. Un inventaire de 1553 nous apprends qu'à cette époque on y entreposait des meubles tels que des tables (cinq longues tables de sapin, une table de marqueterie et une table carrée), un buffet, un escabeau (petit banc), un écran de cheminée, trois grandes cages à oiseaux, les six lustres destinés à être suspendus dans la galerie ainsi que divers autres objets (Charles Guyot,1891, p. 187-188). Ce galetas servit également pendant un moment à entreposer les tapisserie ducale car il fut désigné un temps comme la "chambre de la tapisserie dessus la galerie des cerfs" (Henri Lepage, 1857, p. 19).

Reste à évoquer la crête en fer dorée surmontant le faîte de l'aile. Visible sur les gravures anciennes, elle disparut à une date indéterminée. La légende veut qu'elle ait été emportée par le duc François III en 1737 lorsqu'il quitta définitivement la Lorraine (Christian Pfister, 1909, p. 22). De fait, elle n'apparaît pas sur le plan de Belprey de 1754. La crête fut rétablie par Émile Boeswillwald qui renforça également le pignon surmonté d'un épi de faîtage en pierre. La nouvelle crête fut peinte mais ses dorures (ainsi que celles des lucarnes) ne furent réalisées qu'au début du XXIe siècle.

 

La toîture de l'aile Antoine le Bon (cliché personnel 2017)

 

 

 

 

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