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Palais ducal de Nancy
23 janvier 2020

L'empereur François Ier d'Autriche (1815)

Mise à jour (12/06/2020)

 

L’année 1815 vit la chute définitive de Napoléon. Après le désastre de Waterloo, les coalisés envahirent le territoire nationale pour la seconde fois en deux ans. C’est dans cette époque mouvementée que l’empereur François Ier d’Autriche séjourna à Nancy dans la capitale de ses ancêtres.

 

Joseph Kreutzinger, L'empereur François Ier, 1815 (cliché commons.wikimedia.org)Contexte

L’ennemi de Napoléon

François prit la tête du Saint-Empire en 1792 à la mort de son père Léopold II. Neveu de Marie-Antoinette, il fut l’un des plus grands adversaires de la Révolution et de l’Empire. Vingt-trois années de son règne furent occupées par les guerres qui l’opposèrent à Napoléon. En 1797, le traité de Campo-Formio lui enleva les Pays-Bas autrichiens. Par la suite, il fut vaincu à Marengo en 1800 puis à Ulm et Austerlitz en 1805. Prenant acte de la mainmise française sur l’Allemagne, François dissout le Saint-Empire et éleva l’Autriche au rang d’empire où il régna sous le nom de François Ier. Une nouvelle défaite en 1809 à Wagram le força à marier sa fille Marie-Louise à Napoléon. Ce n’est qu’après la défaite de l’Aigle en Russie et le soulèvement des Etats allemands qu’il reprit les armes. A l’issue de la campagne de France, François obtint que le congrès de paix se tienne dans sa capitale viennoise. Ce partage de l’Europe entre les princes coalisés fut ébranlé lorsqu’on apprit le retour au pouvoir de Napoléon. Une septième coalition se forma et les armées des grandes puissances convergèrent vers la France.

 

La marche des souverains

Après l’échec de la campagne de Belgique, l’empire napoléonien s’effondra. Les premières armées coalisées à entrer en France furent naturellement celles de Wellington et Blücher, les vainqueurs de Waterloo. Venant de l’est, les forces autrichiennes et russes mirent davantage de temps. A la mi-juin, l’armée austro-allemande commandée par le feld-maréchal bavarois von Wrede passa le Rhin et, le 28, entra dans Nancy où elle établit son quartier-général. La veille, s’étaient rejoints à Spire l’empereur d’Autriche, le tsar de Russie Alexandre Ier et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. Il était entendu que les trois souverains marcheraient de concert jusqu’à Paris. Passant par Haguenau et Saverne, ils arrivèrent à Nancy le 6 juillet.

 

  François Gérard, Alexandre Ier (cliché commons.wikimedia.org)  François Gérard, Frédéric-Guillaume III, 1814 (cliché commons.wikimedia.org)

 

Le séjour à Nancy

Les trois souverains coalisés logèrent à Nancy : François Ier au palais du Gouvernement, le tsar Alexandre à la préfecture dans le pavillon Alliot et Frédéric-Guillaume III à l’évêché qui se trouvait dans l’ancien hôtel des Fermes (actuel Opéra national de Lorraine). Ce séjour fut bref puisqu’ils repartirent le lendemain. L'empereur d'Autriche se trouvait donc très proche des vestiges du palais ducal et de l’église des Cordeliers. Profanée et dévastée, la nécropole princière était à cette époque dans un état pitoyable. Nous n'en avons aucune représentation et il faut se rabattre sur une lithographie qui la montre tel qu'elle était en 1830. Connaissant le mauvais état des tombes de sa famille, François Ier souhaita se rendre sur place. Selon son propre témoignage recueilli par Jean Cayon, Alexandre de Haldat du Lys aurait guidé le prince parmi les décombres amoncelé autour de l’église. Gravissant les monceaux de ruines,  ils atteignirent une verrière brisée d’où l’empereur pu constater l’ampleur des destructions. Amer, il aurait alors dit « Qu'avaient fait ces ossements à ceux qui les profanèrent ? Mes pères n'avaient régné sur la Lorraine que pour la rendre heureuse ».

 

Charles-François Chatelain, L'église des Cordeliers et la chapelle Ronde, 1830 (cliché Musée lorrain)

 

Conséquences

Aujourd’hui, la plaque commémorative placée à l’entrée de la chapelle ronde reprend la phrase attribuée à l’empereur d’Autriche. La portée de cette visite est cependant plus grande car elle montre que le descendant des ducs se préoccupait de conserver cet héritage lorrain. L’empereur aurait pu faire retrouver les cendres profanées de ses ancêtres pour les transférer en Autriche. Les pérégrinations des ossements de Königsfelden offrent un parallèle probant. Pourtant et en dépit du rôle joué par la Lorraine pendant la Révolution et l’Empire, il encouragea le gouvernement de Louis XVIII à rétablir à Nancy une sépulture digne pour les anciens ducs. A l’issue des restaurations qui se conclurent par la grande pompe funèbre de 1826, François Ier rétablit la fondation faite par François III en 1762. Celle-ci prévoyait une messe quotidienne en mémoire des ducs de Lorraine. L'empereur d'Autriche ajouta un service annuel le jour anniversaire de la cérémonie expiatoire. Un aumônier mandaté par Vienne était chargé de veiller sur le caveau princier et de faire ces dévotions. Cette organisation perdura jusqu’à la première guerre mondiale.

  

Bibliographie

 - BEAUCHAMP, Alphonse de, 1818, Histoire des campagnes de 1814 et de 1815 Tome II-2, Paris. (lire en ligne sur gallica.bnf.fr)

- CAYON, Jean, 1842, Église des Cordeliers, la Chapelle-ronde, sépultures de la maison de Lorraine, à Nancy : histoire et description de ces édifices, Nancy. (lire en ligne sur archive.org)

- MAROT, Pierre, 1951, « L'église des Cordeliers et la tradition lorraine », Le Pays lorrain 32/3, p. 97-114. (lire en ligne sur gallica.bnf.fr)

- PFISTER, Christian, 1906, « Les bâtiments de la place Stanislas », Bulletin mensuel de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain 6, p. 169-230. (lire en ligne sur gallica.bnf.fr)

 

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